Historique

Eglise Saint-Jacques

Elle est réputée la plus remarquable église de Tournai après la cathédrale. Déjà classée par arrêté royal du15/9/1936 en raison de sa valeur artistique, archéologique et historique,.elle est aussi la seule église paroissiale de Tournai qui soit inscrite dans la liste du patrimoine immobilier exceptionnel de la Région wallonne ; cette inscription a encore été confirmée par un arrêté du Gouvernement wallon du 3/6/1999.
L'érection de la paroisse Saint-Jacques et la construction d'une première petite église romane ont pu être situées entre 1153 et 1167. Cette première église Saint-Jacques avait été construite sur le chemin vers la partie flamande du diocèse, sur la route des pèlerins - nombreux à l'époque - partant vers Compostelle en faisant d'abord étape dans le chef-lieu du diocèse. Les deux niveaux inférieurs de la tour actuelle de Saint-Jacques ont appartenu à ce premier édifice du 12ème siècle.
L'évêché de Tournai s'était séparé de celui de Noyon en 1146. Un peu plus tard en 1187, Philippe-Auguste, que les Tournaisiens avaient reconnu comme souverain, leur accorde une chartre leur octroyant des pouvoirs et notamment l'autorisation de construire le beffroi abritant la cloche communale. Ces circonstances développent la capacité économique de Tournai, permettant un essor de la ville. En 1190 il y avait déjà quatre paroisses à Tournai, sur la rive gauche de l'Escaut : Saint-Piat, Saint-Pierre, Saint-Quentin et Saint-Jacques. Le territoire paroissial de Saint-Jacques ne fut réellement incorporé dans la ville qu'en 1280 après l'élargissement de son enceinte.
Dans les grandes lignes on peut retenir que l'église Saint-Jacques a été principalement construite au 13ème siècle et qu'elle a profité de restaurations très importantes durant le 19ème siècle, surtout dans la période 1868-1880 sous l'impulsion de Monseigneur Voisin, vicaire général du diocèse, sous la direction d'abord de l'architecte (Antoine) Justin Bruyenne (° Tournai 1811 ; +1896) puis de Louis Cloquet et sous l'inspiration du Baron J. de Béthune pour l'aménagement néogothique intérieur. Dès 1840, des premiers travaux de restauration - du porche notamment - et la reconstruction de la tour et de sa flèche avaient déjà été entrepris par les entrepreneurs Soyer sous la direction de l'architecte Bruno Renard. Comme l'a écrit Monseigneur Voisin en 1868, entre les 13ème et 19ème siècles, l'église Saint-Jacques avait subi de très nombreuses mutilations regrettables - iconoclastes, enduisage des murs et plafonds, suppression des crochets des chapiteaux, etc. - qu'il importait de corriger.

Gravure sur bois - 1880     E.FUTTAERT

L'église Saint-Jacques est le monument religieux le plus impressionnant de Tournai après la cathédrale, dont elle est la fille d'un point de vue institutionnel, dans un rapport de dépendance total (jusqu'en 1803) qui explique que la cathédrale et la paroisse avaient pratiquement les mêmes archives : en original à la cathédrale, en copie à la paroisse (les comptes paroissiaux, par exemple, devaient être dressés en double).

Trace de cette histoire, un important fond de documents, constitué de divers fonds qui se sont mêlés (fond ancien issu du lien de dépendance, documents postérieurs à 1802 déposés en 1968 par la Fabrique de l'église Saint-Quentin-Saint-Jacques, archives arrivées à l'époque moderne ou contemporaine) est actuellement conservé aux Archives de la cathédrale. Il est l'objet de cet inventaire, avec l'ambition de constituer un instrument de travail.

En effet, il offre enfin une vue complète et détaillée des pièces conservées, classées selon un plan significatif (personnel, liturgie et pastorale, gestion des biens et revenus, rapports avec l'autorité civile, cimetière...) et propose l'édition de deux documents importants de l'époque médiévale.

Les documents classés donnent l'occasion (par eux-mêmes ou en complément indispensable aux archives conservées dans d'autres dépôts, ce dont la publication donne un relevé en introduction) de dresser le visage religieux, sociologique, architectural de cet édifice remarquable de la ville.

A ce titre, certains dossiers ressortent du lot : très nombreux documents relatifs aux confréries (règlements, registres aux résolutions, listes de membres, comptabilité, affiches) ; le compte de la construction du chœur de 1372, qui mérite une réédition et une étude approfondie ; l'épais dossier de la restauration néo-gothique de l'église réalisée dans les années 1870 ; deux listes ou dénombrements successifs des paroissiens de Saint-Jacques de 1562 et 1569, miroir d'une époque troublée ; les archives personnelles du curé Warlomont du fait de sa correspondance avec des anciens résistants jocistes (les chanoines Raymond Goor et Désiré Joos) ou avec un précurseur de la Théologie de la libération, de nombreux dossiers liés à son activité pastorale à Saint-Jacques qui coïncide en effet avec le Concile de Vatican II.

Enfin, un hasard assez exceptionnel a permis de conserver, à la cathédrale, deux grandes fardes, comprenant 145 plans, croquis, dessins et notes manuscrites qui concernent la restauration de l'église Saint-Jacques à Tournai au 19e siècle et offertes à la cathédrale en 1965 par la veuve de l'architecte Robert.

L'inventaire de ces sources graphiques particulièrement précieuses a été dressé par Laurent Delehouzee, archéologue (Service Public Wallonie, Direction générale).
La réalisation de cet inventaire coïncide avec une nouvelle initiative de l'asbl Pasquier Grenier sur le plan culturel, à savoir la publication de la plaquette L'église Saint-Jacques à Tournai. Cet ouvrage et le présent inventaire cherchent, à leur manière, à médiatiser l'action de la nouvelle association Les Amis de l'église Saint-Jacques de Tournai mise sur pied dans le but d'abord de financer le un pour-cent du budget des travaux de restauration du chœur de cette église qui n'est pas pris en charge par les pouvoirs publics, de valoriser ensuite le patrimoine culturel de ce splendide édifice.

Plan de l'église

Réalisation SIP
Design Kevin Van Lierde